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Une riposte éducative

Et si la riposte était éducative ? Éduquer les enfants aux fausses nouvelles, leur apprendre à faire des recherches. 

Pour mieux comprendre les enjeux de la riposte éducative, nous avons interviewé Isabelle SEROC DUMEZ, Directrice scientifique et pédagogique du CLEMI (LE CENTRE POUR L'EDUCATION AUX MEDIAS ET A L'INFORMATION)

Le CLEMI c'est Le Centre D’éducation aux médias et à l'Information :
CLEMI signifie Centre de Liaison de l'Enseignement et des Medias d'Information. Crée en 1983 c'est désormais un service de Réseau Canopé, opérateur du Ministère de l'Education nationale. Il s'occupe d'Education aux médias et à l'information. C'est à dire qu'il œuvre dans la formation des enseignants à utiliser les médias en classe, dans la production de ressources pédagogiques pour penser des activités intégrant les médias, et dans l'accompagnement et la valorisation des médias scolaires produits par des élèves.
- Depuis notamment l’élection de Donald Trump et le vote du Brexit,> les fakes news ont pris de l'ampleur, Comment votre métier à> évoluer durant ces dernières années ?
Le CLEMI s'occupait initialement d'éducation aux médias d'information. Cela supposait notamment des partenariats (comme la Semaine de la presse et des médias dans l'école - 29ème édition cette année) avec des médias "traditionnels", c'est à dire la presse papier puis numérique, la presse radiophonique et télévisuelle. Avec l'essor d'internet et des réseaux, ce qu'on peut appeler "médias" s'est multiplié et diversifié, de façon phénoménale en nombre et en genres médiatiques. Désormais les réseaux sociaux numériques (Facebook en est l'exemple le plus visible, mais aussi Twitter, etc.) ont quitté le statut de médias de communication et font désormais fonction de médias d'information. En effet, toute sorte d'information y circule. De l'information de qualité (sourcée, vérifier, hiérarchiser)mais aussi de l'information frelatée : des fake news, informations erronées, voire manipulées, de la communication politique (ou propagande), de la communication commerciale. Le CLEMI a donc dû diversifier également ses objets d'études et ses dispositifs d'accompagnement des élèves afin qu'ils affutent leur esprit critique face à ce déferlement d'information en tout genre!
-La semaine de la presse et des médias (SPME) à cette vocation,d’éduquer les plus jeunes à être confrontés à l'information

numérique ? Pas seulement. La SPME ce sont toujours des exemplaires de presse papier (presse généraliste, presse spécialisée dont presse jeunesse, quotidiens nationaux et régionaux, magazines) qui restent  pour certains beaucoup lus, qui arrivent dans les établissements gratuitement afin de permettre des activités pédagogiques sur ces supports. Depuis plusieurs années cette offre de presse papier c'est bien sûr enrichie d'offres numériques (presse classique et pure players). A l'aube de son 30ème anniversaire la SPME continue à évoluer pour suivre les évolutions de la société et les pratiques informationnelles des citoyens, de tout âge. LA SPME concerne les jeunes de la maternelle au lycée. En Terminale on ne sait pas toujours comment fonctionne tel ou tel média, comment l'info est fabriquée, comment elle circule, comment faire pour la vérifier et ne pas se faire piéger par une fake news ! le thème pour la seconde année c'est "d'où vient l'info?" et ça marche bien dans les classes !
-La lutte est difficile notamment pour des élevés exposés aux rumeurs et aux fausses nouvelles, Comment vous percez la lutte ? Quelle type de riposte ? Judiciaire, éducative...-La lutte est-elle vraiment possible ?
La riposte judiciaire est possible car les médias sont soumis à la loi qui leur donne des droits et des devoirs (Loi Liberté de la presse 1881): ils n'ont pas le droit de publier n'importe quoi. On n'a pas le droit de diffamer, de publier des photographies sans l'accord des personnes (Droit à l'image), de plagier (Droit d'auteur), etc. Un nouveau texte de loi pour lutter contre les fake news ne pourra s'appliquer qu'à des médias français et n'aura aucun pouvoir sur les médias étrangers, à l'ère d'internet la riposte juridique est difficile, mais pas impossible. On touche à la question de la censure, c'est sensible. La vraie riposte est éducative. Si on ne peut interdire les fake news provenant de l'étranger, on peut apprendre aux citoyens à s'informer et à informer de façon autonome, responsable et critique. c'est tout l'enjeu de l'éducation aux médias à l'école, et ailleurs.
- Le numérique, notre génération y est exposé depuis notre plus jeune âge, A partir de quelle classe faudrait-il commencer la riposte ? On peut s'interroger dès la maternelle sur ce qu'il est convenable de publier sur internet. Les twitt'classes permettent d'aborder ces questions avec des petits : "Est-ce convenable de raconter sur twitter que tel.le élève nommé.e s'est "oublié.e" en classe ce matin" ? Cette info va la blesser, et également blesser ses parents. Les petits peuvent comprendre cela. C'est déjà les préparer à se questionner avant de publier, de faire suivre n'importe quelle nouvelle... Les enfants même ceux qui ne savent pas encore bien lire sont déjà sur internet, sur YouTube, etc. Eduquer aux réseaux et à l'image, cela peut et cela doit se faire dès l'école primaire et cela doit se poursuivre au collège et au lycée.
-Le CLEMI se développe avec quels nouveaux outils ?
Le CLEMI expérimente différents nouveaux outils. Un guide pour les parents (La Famille tout Ecran) et des ressources de formation des enseignants à partir de vidéos (Déclic'critique), par exemples. Il faut en effet innover pour toucher le plus de personnes possible et les sensibiliser à cette nécessité d'éduquer et de s'éduquer aux médias et à l'information.
 

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