top of page

Les interviews

Sebastien BOSSI CROCI

Reporter multimédia • projets éditoriaux et

co-fondateur de @ijsbrg @2K17officiel • parfois vidéo @lemondefr • @cfjparis • speaker/auteur du livre Funambule

BIO EXPRESS via twitter

-Y’a-t-il des différences entre être journaliste dans un média traditionnel et être journaliste pour un nouveau média ?  

En théorie, non. En pratique, les nouveaux médias sont parfois moins prestigieux, et donc il est parfois plus compliqué d'interviewer des personnes difficiles d'accès. Dans la plupart des cas, un journaliste "web" gagne moins qu'un journaliste print ou télé.
Certains journaux continuent à avoir une logique print first, c'est à dire que le web et le print (la partie imprimée) ne se parlent pas ou peu.
Mais le métier est le même : raconter des histoires vérifiées. Les nouveaux médias peuvent se permettre d'être parfois plus créatifs.

-Les domaines de vos articles et les genres sont-ils restreints à cause d’une audience principalement jeune ? (exclure la politique par exemple qui intéresse moins les jeunes)  

Les nouveaux médias ont un problème : ils sont moins connus que Le Monde, TF1 ou le Figaro. Et ils font moins autorité. Donc ils doivent être plus créatifs et définir une cible (à qui s'adresse leur article) encore plus précise. En effet, les jeunes ne consomment pas l'info de la même manière que nos parents qui regardent le jt ou achètent parfois des journaux ou écoutent les grandes radios. On peut leur parler de politique, mais il faut le faire avec leurs codes, et vraiment faire en sorte que le contenu soit intéressant. 

 

Pendant longtemps, les journalistes se sont peu posés la question de leur audience (à qui je parle, comment, et est ce que je leur parle correctement). Pour les nouveaux médias qui travaillent bien, ces questions sont essentielles, et permettent d'offrir une couverture de l'actualité à mon sens de meilleure qualité que celle des journalistes qui s'interrogent peu sur l'audience (et ils sont majoritaires);

 

-Les nouveaux medias sont une nouvelle écriture pour l’information ou un nouvel apport d’information diffèrent des médias traditionnels ?

 

Les nouveaux médias, car ils n'ont pas à composer avec l'héritage des vieux médias, innovent davantage. Mais désormais, chaque grand média a sa cellule innovation (souvent composée de jeunes créateurs de nouveaux médias) : le Monde a un snapchat. L'Equipe travaille très bien, notamment par sa cellule Explore. Idem pour France télé qui a depuis des années un département nouvelles écritures.

Sans les grands médias, il est très compliqué de diffuser l'innovation.


-Journaliste pour les réseaux sociaux et le numérique en général, c’est l’avenir du journalisme ?  
 

Oui, et non.
C'est l'avenir de la distribution de l'info. Aujourd'hui, aucun média n'envisage d'informer sans site web. Mais cela a mis du temps, et la plupart des médias y ont laissé des plumes : ils ont laissé des enjeux essentiels à Google, Facebook, notamment la distribution, la capacité à innover, à penser utilisateur en même temps qu'information. Et on le paie aujourd'hui. Les médias sont devenus hyper dépendants de Google et Facebook qui leur fournissent l'essentiel de leur visite. Pire, les médias n'ont pas su négocier eux-mêmes les publicités sur leur site, donc Facebook et Google ont récupéré les parts de marché. 
 

Mais ni Google ni Facebook n'ont intérêt à devenir des médias à part entière. Cela, ça restera le job des médias. A eux de le faire en bonne intelligence. Et ça progresse tranquillement. 

 

-Est-ce que pour vous les nouveaux médias sont une arme pour lutter contre la désinformation des jeunes et la propagation des fakes news ? 

Oui. Mais les réseaux sociaux sont aussi un vecteur de la propagation des fake news. L'enjeu c'est d'éduquer les jeunes aux médias, de les forcer à adopter une approche mature d'Internet, et leur permettre d'exercer leur esprit critique. 

Il faut ensuite réussir à réconcilier les citoyens avec les journalistes. Et cela risque de prendre du temps. il faut beaucoup de pédagogie pour faire comprendre le métier, et la manière dont on l'exerce. Il ne faut pas l'oublier, même si journaliste est un métier de passion, cela reste un métier : parfois on est moins en forme, parfois on est moins bons. Le public doit apprendre à pardonner aux journalistes, et les journalistes doivent réussir à reconnaître leurs erreurs.

BIO EXPRESS via twitter

Journaliste web, SnapTeam @LeMondefr~ Formateur @ESJPro ~ Ex-rédacteur photo @BFMTV ~ #TeamChocolatineforever ~ Élevé au grain dans le 7-9 et à l'#ijba

Olivier

LAFFARGUE

-Si vous deviez définir Snapchat Discover en quelques mots…

 Le Monde sur Snapchat, c'est une édition du Monde à destination des jeunes lecteurs : les mêmes exigences, mais une orientation à la fois plus pédagogique et plus graphique que le site ou le journal.


-Y’a-t-il des différences en un journaliste du Monde et un journaliste du Monde pour Snapchat Discover ?

Aucune. Nous sommes journalistes au même titre que les collègues. Le qui nous distingue, c'est notre manière d'écrire et de présenter les choses qu'on développe spécifiquement pour ce canal et ce public. Mais il arrive que nos articles, vidéos ou infographies soient également publiés sur le site, par exemple.


-Dans la rédaction du Monde quelle votre position par rapport aux autres journalistes du quotidien qui travaille pour l’Edition papier ?

 Le Monde est une rédaction qui fonctionne de façon quasiment intégrée maintenant, la distinction rédaction web / rédaction papier n'est plus très pertinente. Les journalistes des différents services (société, international, politique…) écrivent aussi bien pour le web que pour le print. Nous collaborons avec tous les services, dont nous reprenons les informations. Notre édition passe par le même circuit copie que les autres articles (relecture, validation redchef, correction, édition…). 


-Snapchat Discover c’est une nouvelle écriture pour le Monde ou seulement un autre moyen de diffuser le Monde et ses informations ?

 Snapchat Discover, c'est une nouvelle écriture que l'on essaie de développer pour toucher un nouveau public, mais également nous adapter aux nouveaux usages : aller chercher les lecteurs où ils se trouvent, et proposer une mise en forme de l'information adaptée à la consommation mobile. Donc à la fois une recherche de forme et une recherche de nouveau lecteurs, qui n'ont, en grande majorité, jamais lu Le Monde. C'est enfin une façon de lutter contre la propagation des fausses nouvelles, en proposant aux jeunes lecteurs une information fiable, à la hauteur des standards du journal.


-Journaliste pour les réseaux sociaux et le numérique en général, c’est l’avenir du journalisme ?

"Journaliste pour les réseaux sociaux" n'est pas nécessairement l'avenir du journalisme, mais les réseaux sociaux sont un outil incontournable pour le journaliste aujourd'hui. De plus les plus jeunes lecteurs n'attendent plus 20 heures pour s'informer, ne se gardent pas un moment le matin pour consulter leur journal du jour. Nous devons nous adapter aux nouvelles habitudes de consommation de l'information et aller chercher les lecteurs là où ils se trouvent, donc pour une partie, sur les réseaux sociaux. Après, le journal imprimé a encore de beaux jours devant lui, nos ventes augmentent, et d'autant plus le site internet.

-Est-ce que Snapchat Discover est réellement diffèrent par rapport à l’information sur les autres réseaux sociaux ?

 Discover est très différent dans la mesure où c'est une offre contrôlée par Snapchat : ce sont eux qui choisissent les médias avec lesquels ils travaillent, ils définissent une offre cohérente avec des partenaires en qui ils ont confiance et avec qui ils signent un contrat. La conséquence, c'est qu'il n'y a pas ou peu de fausses informations sur Discover, contrairement aux réseaux ouverts tels que Facebook ou Twitter, où il est possible pour n'importe qui de mener des campagnes de désinformation qui ont un impact sur l'opinion. 


-Comment vous percevez votre rôle dans l’information des 13-24ans ?

Nous espérons remplir un rôle de référence, convaincre l'audience que lorsqu'elle a besoin d'une information fiable, elle sache qu'elle peut la trouver chez nous. Nous nous efforçons d'expliquer les mécanismes derrière les événements d'actualité. Nous espérons aussi répondre à l'immense curiosité que nous avons constaté sur une grande variété de sujet, des questions internationales, sociales, politiques…


-Est-ce que pour vous Snapchat Discover est une arme pour lutter contre la désinformation des jeunes et la propagation des fakes news ?Je ne sais pas si l'on peut parler d'arme mais oui, notre édition Discover est une façon de lutter contre la désinformation qui va de pair avec notre programme d'éducation aux médias (150 ateliers programmés avec des classes de collèges et lycées pour l'année 2017-2018) via l'association Entre les lignes.

bottom of page